Mon enfant se fait du mal
La vie d’Anja ressemble à des montagnes russes. Elle vit dans un monde émotionnel extrême. «Chaque jour est un combat contre moi-même.» Comme elle ne sait pas quoi faire des émotions fortes qu’elle ressent, elle se met à se détester, fume beaucoup et se fait du mal. Il lui est difficile de maintenir des relations interpersonnelles: «Je pense que personne ne m’aime. Que je vais finir seule.»
La peur d’être abandonnée accompagne Anja en permanence. Dans une vidéo TikTok, elle décrit comment son parcours du combattant a commencé à l’âge de 15 ans et comment elle a été hospitalisée dans une clinique à l’âge de 18 ans, à sa demande, parce qu’elle avait des pensées suicidaires. Les montagnes russes sont loin d’être terminées, mais elles sont devenues un peu plus lentes et plus contrôlables.
Automutilation
Le comportement d'automutilation peut avoir différentes causes. Anja a été diagnostiquée à l'hôpital avec un trouble de la personnalité borderline. Les personnes concernées réagissent souvent de manière impulsive et portent atteinte à leur corps, à leur santé voire à leur vie. Elles se font du mal, consomment des substances ou se mettent en danger par des comportements à risque. Car elles ne savent pas comment gérer autrement leurs émotions extrêmes. Beaucoup, comme Anja, ont des pensées suicidaires ou ont déjà fait une tentative de suicide.
On ne sait pas encore exactement quelles sont les causes du trouble de la personnalité borderline. On suppose que des facteurs génétiques entrent en jeu, mais que l’environnement social joue aussi un rôle. Très souvent, les troubles de la personnalité caractérisés par une instabilité des émotions, comme le trouble de la personnalité borderline, sont déclenchés par des événements traumatiques. Il peut s’agir d’un abus sexuel, de négligence ou de violence psychologique. Les traumatismes font que les personnes concernées ont du mal à réguler leurs émotions et à faire confiance aux autres. Elles peuvent apprendre à gérer leurs émotions et à mieux maîtriser leur vie en suivant une thérapie.
Fortes variations d’humeur
La situation est également compliquée pour l’entourage. D’un côté, il existe souvent un sentiment de culpabilité. Mais en même temps, il n’est pas rare que le comportement des enfants et des jeunes souffrant d’un trouble de la personnalité borderline soit difficile à comprendre pour les parents et les référent·e·s. Ils peuvent être idéalisés et presque étouffés par la proximité à un certain moment, et l’instant d’après être rabaissés et envoyés au diable.
Les proches peuvent être un soutien important en nommant les émotions, en mettant la personne face à elle-même et en l’aidant à réguler ses émotions.
Les proches doivent donc supporter de forts changements d’humeur. Ils peuvent être un soutien important en nommant les émotions, en mettant la personne face à elle-même et en l’aidant à réguler ses émotions. Par la compréhension et l’empathie, les parents peuvent montrer à leur enfant qu’ils sont là pour lui, et ce quoi qu’il arrive.
Aide en cas de trouble de la personnalité borderline
Les enfants et les jeunes souffrant d’un trouble de la personnalité borderline ont besoin d’une aide professionnelle. Les parents peuvent les aider à demander de l’aide. Souvent, les proches sont également impliqués dans la thérapie. Ils peuvent par ailleurs soutenir les personnes concernées dans la régulation de leurs émotions en dehors de la thérapie. Ça a été le cas pour Anja: «Ce qui m’a aidée, c’est quand on me ramenait à la réalité et me montrait des moyens de changer les choses. Car souvent, j’étais coincée dans mon propre monde. Dans mon monde, les choses ne pouvaient se passer que d’une seule manière. Je me sentais totalement impuissante.»
Mais les proches ont aussi le droit d’admettre qu’ils sont dépassés par la maladie et qu’ils ont eux-mêmes besoin de soutien. Le service Conseils aux parents de Pro Juventute est un premier point de contact disponible gratuitement et 24 heures sur 24 pour les parents et les référent·e·s. Vous trouverez plus d’informations sur le trouble de la personnalité borderline sur le site de santé Planète Santé.
Conseils aux parents en cas d'automutilation
- Soutenir: soyez là pour votre fille ou votre fils. Proposez activement votre soutien.
- Soigner les plaies: soignez les éventuelles blessures sans vous énerver. Montrez que vous comprenez que votre fils ou votre fille n’arrive pas à s’exprimer autrement pour le moment.
- Rechercher des solutions: abordez la question de l’automutilation avec prudence. Encouragez votre enfant à chercher d’autres solutions pour réguler ses émotions.
- Rester calme: ne faites pas de reproches. Les enfants et les jeunes ont souvent honte, après coup, de s’être fait du mal. Restez calme et empathique.
- Aider dans les situations de détresse: essayez de ne pas céder à la panique en cas de pensées suicidaires. Cela peut aider les personnes concernées de pouvoir en parler sans craindre d’être immédiatement hospitalisées. Mais n’hésitez pas non plus à demander de l’aide professionnelle pour votre enfant et pour vous-même.
Cet article a été rédigé en collaboration avec ZETA Movement. ZETA Movement est un projet créé par des jeunes adultes pour les jeunes, qui vise à briser le cycle de la stigmatisation et du silence lié à la maladie psychique en Suisse. Les ambassadrices et les ambassadeurs de ZETA Movement sont des jeunes qui souffrent ou ont souffert eux-mêmes de troubles psychiques et qui sont maintenant à un stade avancé de rétablissement. Ils font part de leurs propres expériences à des jeunes de 13 à 18 ans lors d’interventions dans des écoles ou des organisations pour la jeunesse, afin d’établir avec eux un dialogue honnête et d’égal à égal sur le thème de la santé mentale.
