Mobbing au travail - ce que les apprentis peuvent faire

Après que Luisa (participante du Youth Advisory Board de Pro Juventute, nom modifié) se soit vu attribuer un nouveau poste de travail en deuxième année d'apprentissage, elle a entendu presque chaque jour des remarques méchantes de la part d'un collègue de travail. Elle ne sait rien faire et est trop jeune pour les tâches à accomplir. Ces remarques l'ont touchée. Elle doutait de pouvoir faire du bon travail, même si elle fournissait en principe de bonnes prestations. Parfois, elle avait du mal à trouver la motivation nécessaire pour aller travailler le matin.

Le harcèlement moral au travail a des conséquences négatives pour tous les collaborateurs concernés. Dans une relation de dépendance comme l'apprentissage, ceux-ci peuvent en outre être renforcés. Les actes de mobbing provoquent de l'insécurité et de la peur. Cela conduit à des erreurs au travail ou à des absences de plus en plus fréquentes. Ces deux éléments offrent aux auteurs de mobbing un nouveau terrain propice et nourrissent leur acharnement. Les conséquences possibles du mobbing sur la santé peuvent être des problèmes de sommeil, des maux de tête, des troubles gastriques, un comportement d'automutilation ou des pensées suicidaires

Les personnes harcelées ne parlent souvent pas des incidents. Beaucoup ne savent pas s'il s'agit de mobbing ou d'un conflit et si un incident est suffisamment explosif pour être abordé avec des collègues de travail, des supérieurs ou des formateurs professionnels. De plus, ils craignent d'avoir des difficultés supplémentaires s'ils en parlent. Or, il est très rare que le mobbing s'arrête de lui-même. En cas de soupçon de mobbing, tout le monde est donc appelé à agir.

Si les parents remarquent que leur enfant est victime de harcèlement moral au travail ou à l'école, ou qu'il est lui-même victime de harcèlement moral, ils doivent intervenir. Les collègues de travail ou d'école doivent également réagir s'ils ont de tels soupçons. Le mieux est de chercher le dialogue avec la personne harcelée et de se montrer prêt à aborder le problème. Il ne faut toutefois pas prendre de mesures qui la dépassent. Cela priverait l'apprenti(e) de la possibilité d'influencer la manière dont le harcèlement est traité.

Luisa n'a pas non plus osé aborder la situation de mobbing au début. Et ce, bien que ses parents lui aient conseillé d'en parler à son formateur. Elle ne voulait pas attiser davantage le conflit. De plus, elle savait qu'elle allait de toute façon bientôt changer de service, ce qui lui permettait de se sortir de cette situation pesante.

• Le harcèlement ne doit en aucun cas être accepté. Demander de l'aide n'est ni de la mouchardise ni un signe de faiblesse. Il est important et nécessaire de demander de l'aide.
• Le mieux est de consigner le harcèlement moral par écrit et de le dater. Qui a fait quoi et quand ? Quels sont les témoins ? Ces preuves peuvent servir de base à un entretien. S'il s'agit d'insultes et de discriminations orales, il convient de les noter si possible sous forme de citations. Les e-mails hostiles ou les feedbacks écrits peuvent également constituer des preuves. Il est important de rester objectif.
• En cas de harcèlement, les apprentis devraient s'adresser le plus rapidement possible à leur formateur ou à leur supérieur direct. Ils peuvent également faire appel à une personne de confiance. La plupart des écoles professionnelles disposent également d'un service de résolution des conflits. Si aucun accord n'est trouvé, l'inspection professionnelle cantonale doit être informée. Celui-ci assure la surveillance de l'apprentissage et peut établir le contact avec des services spécialisés.
• Si la situation ne s'améliore pas, les personnes concernées peuvent s'adresser aux centres d'accueil et de conseil en matière de harcèlement moral de leur canton
• Un changement de service ou l'abandon de l'apprentissage devrait constituer la dernière option si aucune mesure ne porte ses fruits ou si la santé psychique est compromise.

Le harcèlement moral au travail est très éprouvant pour les personnes harcelées. Beaucoup en souffrent encore pendant des années. Les parents peuvent aider leurs enfants à relever des défis tels que le harcèlement moral en favorisant leur résilience. De plus, des études montrent que les jeunes supportent mieux les conséquences du harcèlement lorsqu'ils savent que leurs parents les soutiennent et se sentent concernés. Une bonne relation avec les enseignants ou d'autres personnes de référence a également un effet positif.

Luisa a cherché le dialogue avec ses parents. Elle a beaucoup parlé avec eux de la situation éprouvante. Cela l'a aidée à faire abstraction des commentaires blessants de son collègue de travail et à ne pas les prendre personnellement, si possible. Finalement, elle a même osé dire à son collègue que ses remarques n'étaient pas acceptables.

Rétrospectivement, cette période difficile l'a rendue plus forte : « J'ai appris à avoir confiance en mes capacités ». Aujourd'hui, en troisième année d'apprentissage, elle se sent à nouveau bien au travail. Elle souhaite aux autres apprentis dans une situation similaire de pouvoir s'accrocher à leurs rêves et de protéger leur bien-être malgré le harcèlement. Car, après tout, les apprentis sont là pour apprendre.