Cyberharcèlement : agir rapidement est nécessaire
C'est du harcèlement
On parle de harcèlement lorsqu'une personne est systématiquement la cible de moquerie, commentaires ou intimidation psychique et physique par une ou plusieurs personnes de manière répétée et sur une longue période.
Différence entre cyberharcèlement et harcèlement
Anonymité
Le cyberharcèlement permet aux personnes qui harcèlent de rester anonymes. Des messages ou des vidéos harcelants peuvent être envoyés sous un faux nom. Les messages dans les forums ou les chats sur Internet peuvent être rédigés de manière anonyme ou sous un pseudonyme. Sur la toile, quelqu'un peut insulter sans être identifié directement comme la personne qui harcèle.
Accessibilité illimitée
Les enfants et les adolescents concernés par le cyberharcèlement sont toujours joignables via leur smartphone et les réseaux sociaux. Le harcèlement ne s'arrête pas à la fin de l'école, mais s'introduit avec Internet jusque dans la chambre des enfants.
Moins de gêne
Le cyberharcèlement a souvent lieu dans l'environnement des enfants et des adolescents. Comme la personne qui harcèle est assise devant un écran, le seuil d'inhibition est souvent plus bas que dans le cas du mobbing. La distance physique permet d'utiliser plus facilement des mots grossiers et des expressions dégradantes que l'on n'utiliserait pas en face à face par pudeur. Dès que l'on voit la réaction immédiate de la personne concernée, on a plutôt des scrupules. Ce phénomène se manifeste également dans les discours haineux.
Plus grande portée
Sur les plateformes des réseaux sociaux ou dans un chat de classe, les enfants sont connectés à différentes personnes. Cela signifie que, dans certaines circonstances, un grand nombre de personnes peuvent être témoins d'une attaque. Il se peut même que des insultes ou des contenus dégradants soient diffusés sur Internet. L'audience d'un incident isolé est donc bien plus importante que celle des incidents sur le chemin de l'école ou en classe. De plus, sur Internet, les inscriptions restent longtemps en vigueur.
Conséquences du cyberharcèlement
Selon l'étude James 2022, un tiers des jeunes de 12 à 19 ans ont déjà fait l'expérience de quelqu'un qui voulait les démolir sur Internet. Les victimes de cyberharcèlement semblent souvent tristes ou anxieuses. Ils ont moins confiance en eux et peuvent développer une dépression. Des recherches montrent que les enfants et les adolescents qui subissent la cyberharcèlement ont un risque plus élevé d'avoir des pensées suicidaires.
Le cyberharcèlement représente une charge psychique importante pour la personne harcelée. Elle a besoin d'aide le plus rapidement possible.
Identifier le cyberharcèlement
Pour les parents, le cyberharcèlement est encore plus difficile à reconnaître que le harcèlement traditionnel. Bien qu'ils aient besoin d'aide, un quart des enfants et adolescents victimes de mobbing en Suisse ne disent à personne qu'ils sont victimes de mobbing. C'est le résultat de l'étude EU Kids Online Suisse. Beaucoup se taisent par honte ou par peur que la situation n'empire ou parce qu'ils ne veulent pas accabler leurs parents. Les parents et les enseignants doivent donc redoubler d'attention.
- L'enfant semble-t-il déprimé ?
- A-t-il peur d'aller à l'école ?
- Souffre-t-il de symptômes physiques tels que maux de tête, maux de ventre ou perte d'appétit ?
- S'endort-il moins bien que d'habitude ?
- Entretient-il moins de contacts avec ses amis que d'habitude ?
- Son comportement face aux réseaux sociaux change-t-il ?
Il peut s'agir de signes de cyberharcèlement. Mais ils peuvent aussi avoir d'autres causes.
Conseil + aide - 147
Il est parfois plus facile pour les enfants et les adolescents victimes de harcèlement sur Internet d'en parler avec une personne neutre. Au service Conseils + aide 147, les enfants et les adolescents reçoivent une aide gratuite et confidentielle 24 heures sur 24.
Que faire face au cyberharcèlement?
Si les parents apprennent que leur enfant est victime de harcèlement, cela provoque une grande consternation. C'est une réaction naturelle de vouloir protéger immédiatement son enfant. Mais les réactions émotionnelles risquent d'aggraver encore la situation. Il ne faut en aucun cas essayer de régler soi-même l'affaire avec la personne qui harcèle ou sa famille. Il est également important de toujours impliquer l'enfant dans la démarche. Les neuf conseils suivants permettent aux parents d'aider leur enfant à faire face au cyberharcèlement.
Neuf conseils pour stopper la spirale du cyberharcèlement
1. Parler du cyberharcèlement
Parlez avec votre enfant de la cyberharcèlement de manière préventive, développez une prise de conscience et une attention à ce problème. Un climat de confiance aide l'enfant à parler de ce qu'il a vécu.
2. Rapidement réagir
Le harcèlement moral se développe par le silence. Plus le silence est long, plus la situation de harcèlement risque de s'étendre. Si vous avez l'impression que votre enfant est victime de cyberharcèlement, il est important pour lui et son entourage que vous réagissiez rapidement.
3. Se libérer du sentiment de culpabilité
La plupart des enfants et des adolescents victimes de harcèlement ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. Faites sentir à votre enfant qu'il n'est pas responsable. Les phrases accusatrices telles que "Tu n'aurais pas dû mettre cette photo sur le chat" ne sont pas encourageantes.
4. Demander du soutien
Posez des questions dès que vous remarquez que votre enfant se replie sur lui-même et est déprimé. Proposez votre soutien et faites comprendre à votre enfant que vous le prenez au sérieux. Discutez ensemble des prochaines étapes possibles. Ne minimisez pas la situation avec des phrases telles que "ne les écoute tout simplement pas" ou "oublie ce qu'ils ont dit". Car l'enfant vit la situation comme pesante, détourner le regard ou oublier ne fonctionne pas.
5. Envoyer des signaux clairs
Faites comprendre à votre enfant que le cyberharcèlement n'est pas acceptable. Aidez-le à trouver une première contre-réaction. Par exemple en disant clairement "stop" ou en réagissant comme "Je ne trouve pas ça drôle. Arrête de faire ça, s'il te plaît". Si la personne qui harcèle ne s'arrête pas pour autant, il est crucial de ne plus répondre aux attaques et de ne pas s'insulter soi-même. Les réactions émotionnelles ne font généralement qu'aggraver inutilement la situation. Au lieu de cela, il faut continuer à apporter de l'aide.
6. Signaler un incident
Signalez les incidents à l'exploitant de la plate-forme de médias sociaux concernée afin de bloquer la personne qui harcèle. Montrez à votre enfant comment il peut bloquer la personne qui le harcèle sur les médias sociaux ou les messageries et ainsi se protéger.
7. Documenter les preuves
Dès que vous avez connaissance d'incidents concrets, vous devriez sauvegarder les historiques de chat, les photos ou les vidéos concernées, par exemple en faisant une capture d'écran. Attention : n'envoyez pas de preuves, mais conservez-les sur l'appareil pour les montrer en cas de plainte.
8. Informer l'école
Souvent, les incidents se produisent dans l'environnement scolaire. En effet, le harcèlement se produit généralement au sein d'un groupe qui existe depuis longtemps. C'est pourquoi il est recommandé de prendre contact avec l'enseignant(e) ou l'assistant(e) social(e) de l'école. Ensemble, vous pourrez discuter de la marche à suivre.
9. Promouvoir une image positive de soi
Aidez votre enfant à renforcer son image positive de lui-même. Cherchez ensemble un moyen de permettre à votre enfant d'assumer ses particularités et d'être ce qu'il est. Rappelez à votre enfant à quel point il est unique et précieux et trouvez ensemble où il peut se ressourcer.
Ateliers parents en ligne "Cyberharcèlement"
Que faire en cas de cyberharcèlement ? Comment les enfants et les adolescents peuvent-ils se protéger ? Recevez des informations approfondies et des conseils concrets sur la gestion du cyberharcèlement de la part de nos experts lors de notre atelier gratuit en ligne destiné aux parents.
Démarches juridiques en cas de cyberharcèlement
Bien qu'il n'existe pas de loi spécifique contre le cyberharcèlement, différents actes sont inadmissibles et punissables. Il est donc possible de prendre des mesures juridiques. Toutefois, porter plainte n'est pas toujours efficace et peut même aggraver la situation. Renseignez-vous auprès d'un service spécialisé, par exemple l'aide aux victimes ou la police, pour savoir ce qu'il faut faire. Vous pouvez également vous adresser à tout moment au service de conseil aux parents de Pro Juventute pour discuter des premières étapes.
Bases légales en Suisse
- Selon l'art. 28 CC, la publication d'enregistrements de personnes privées sans leur consentement peut être illicite.
- Selon l'art. 29 CC, si le nom d'une autre personne est utilisé ou fait l'objet d'un usage abusif, la personne concernée peut demander des dommages et intérêts et une réparation morale.
- Selon les art. 143, 143bis CP, le craquage de mots de passe - obtention non autorisée de données - est interdit.
- Selon lart. 144bis, ch. 1 CP, la détérioration de données est également punissable.
- Selon l'art. 156 CP, le chantage est également considéré comme un acte punissable.
- Selon les articles 173-178 CP, les atteintes à l'honneur sous forme de diffamation, de calomnie et d'injure peuvent être punissables. Le fait de montrer des enregistrements d'une personne dans une situation désavantageuse peut également être interprété comme une atteinte à l'honneur.
- Selon l'art. 179 CP, il y a violation du domaine secret ou privé par des appareils d'enregistrement.
- Selon l'art. 179 CP, le fait de se procurer des données personnelles sans autorisation est illicite.
- Selon l'art. 180 et art. 181 CP, Menace et... la contrainte est interdite.
Pour plus de respect et moins de haine sur Internet
Henkel Suisse et ses marques de beauté comme Schwarzkopf, Syoss ou Nature Box soutiennent Pro Juventute dans sa lutte contre le cyberharcèlement. Avec l'initiative "Respect Everybody's Beauty", Henkel s'engage activement contre le cyberharcèlement et fait don de deux pour cent du bénéfice des produits de beauté vendus à Pro Juventute. Ce don est notamment affecté à la campagne "Ensemble contre le cyberharcèlement".