Smartphone, le piège des coûts

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Il n’est pas surprenant que les enfants et les jeunes soient souvent à l’origine de factures de mobile salées. À cela plusieurs raisons, dont l’utilisation d’Internet et du téléphone à l’étranger, ou le dépassement du volume mensuel de données ou des minutes de communication. Pour plus d’informations, consultez l’article «Frais de roaming: huit conseils pour téléphoner à l’étranger tout en évitant de se ruiner».
Dans le monde des applis et des jeux électroniques, l’objectif est de faire du profit. Aucune appli n’est gratuite! Même si le téléchargement de certaines applications n’est pas payant, les prestataires cherchent à tirer le maximum de bénéfices d’une application.
Applis et vue d’ensemble des coûts
Certaines applications ne coûtent rien, d’autres sont payantes pour pouvoir ne serait-ce qu’installer un jeu. Parce que les jeunes et les enfants ne possèdent généralement pas de carte de crédit pour acheter des applications dans les app stores, les fabricants proposent d’autres options de paiement, telles que le paiement via la facture de téléphone. Les frais sont directement imputés sur la facture du portable ou alors il est nécessaire d’appeler un numéro payant. Les cartes prépayées (paysafecards), disponibles dans les kiosques ou dans d’autres magasins, constituent une autre option. Ces cartes contiennent une somme fixe et donnent un code pour activer le crédit. Les cartes prépayées existent également pour les «stores» Apple ou Android. C’est surtout sur smartphones et tablettes que de nombreuses applis peuvent être téléchargées gratuitement. Ces applis sont intéressantes au premier coup d’œil. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce sont précisément ces applis gratuites ou bon marché, en particulier les jeux, qui sont souvent des pièges à sous. Indépendamment du fait qu’une appli soit bon marché ou gratuite, il convient de prendre conscience des risques suivants:
- Perte de maîtrise des coûts
Pour les applications qui ne sont pas vendues à un prix fixe unique mais dont les coûts dépendent de leur mode d’utilisation (voir Achats in-app), on perd souvent le fil en ce qui concerne les dépenses effectuées. Avec, comme perspective, des factures exorbitantes. Lorsque les enfants et les jeunes achètent par exemple un abonnement prépayé, cela limite les risques de perte de contrôle. Les cartes de crédit ne devraient être utilisées qu’en présence d’un adulte et le code de la carte de crédit ne devrait jamais être donné à un enfant. - Achats in-app
Le téléchargement de nombreux jeux ou applications ne coûte rien. Mais pour pouvoir continuer à utiliser l’appli, il est nécessaire, au bout d’un certain temps ou à partir d’un certain niveau, d’investir de l’argent. Ces achats dits «in-app» permettent notamment d’acquérir à petit prix des extensions passionnantes, de nouvelles compétences pour un personnage, ou d’accéder au niveau suivant. - Monnaie de jeu fictive
Certains jeux sur mobile ont leur propre monnaie, comme des pièces d’or, destinée à acheter des objets ou des compétences. Il est bien sûr possible d’augmenter ses chances dans le jeu en achetant davantage de cette «monnaie fictive» avec de l’argent réel. Ce qui pose problème, c’est quand les devises utilisées dans le jeu sont tellement bien dissimulées qu’il devient difficile de connaître la valeur réelle d’une pièce d’or. Souvent, les enfants et les jeunes ne savent pas vraiment combien d’argent ils ont dépensé dans le jeu. Seule la facture salée du portable apportera quelques éléments de réponse. - Publicité
De nombreux jeux bon marché ou gratuits sont truffés de messages publicitaires. De petits films ou des images (pop-up) impossibles à fermer apparaissent sans cesse. On y trouve également souvent des e-mails (ou des spams) du fournisseur. Soit cela ne nous dérange pas et on prend son mal en patience, soit on dépense de l’argent pour une version du jeu sans publicité.
Il existe une autre raison pouvant expliquer la gratuité d’une appli: il n’est pas rare que cela permette de collecter des données en arrière-plan, ce qu’on appelle les métadonnées. L’utilisation de l’appli et de l’appareil, l’emplacement de l’utilisatrice ou de l’utilisateur, les adresses et les numéros de téléphone fournissent au fabricant de précieuses informations qui pourront être utilisées à des fins commerciales.
Contrats de vente!?
Il est important que chaque achat inclue un contrat de vente avec le prestataire. En principe, les enfants et les jeunes de moins de 18 ans ne sont pas habilités à conclure un contrat de vente. Exception: les achats réglés avec leur argent de poche ou l’argent qu’ils ont eux-mêmes gagné. Avec leur argent de poche, les enfants peuvent par exemple acheter des bonbons au kiosque, mais pas un ordinateur. Pour les achats à tempérament, les abonnements ou les crédits, les enfants de moins de 18 ans ont toujours besoin du consentement de leurs parents. Si l’utilisation d’une ou plusieurs applis génère une facture de portable de plusieurs centaines de francs, les parents peuvent s’y opposer s’ils n’ont pas consenti à l’achat.
Dès réception de la facture, ces derniers devront s’adresser sans délai à l’opérateur téléphonique pour contester la facture. Les opérateurs téléphoniques suisses sont conciliants dans certains cas, mais malheureusement pas toujours. Cela dépend notamment si le contrat d’abonnement a été établi au nom des parents ou de l’enfant. Les parents peuvent se prévaloir du fait que les achats ont été effectués à leur insu et sans leur consentement et contester le montant de ces achats. Pour éviter l’interruption des services téléphoniques, il faudra toutefois régler dans les délais le montant de base de l’abonnement. Au cas où le fournisseur n’est pas d’accord et refuse de rembourser tout ou partie du montant, il est également possible de s’adresser à l’Organe de conciliation des télécommunications https://fr.ombudscom.ch/. Afin de se protéger des répercussions de tels pièges financiers, les parents devraient mettre en place des mesures avec l’enfant. Cela signifie aussi que l’enfant doit assumer la responsabilité de ses actes et participer à la résolution du problème.
Conseils
- Ne pas enregistrer son numéro de carte de crédit sur Google Play ou l’App Store, surtout si les enfants ont accès à ces comptes (par exemple sur la tablette familiale).
- Désactiver la fonction «Achats in-app» ou mettre un code sécurisant l’accès à ces achats.
- Ne pas donner à son enfant ses données de connexion de comptes ou ses données bancaires. Choisir d’autres options, comme les cartes prépayées, pour régler l’achat de contenus dans les applis.
- Fixer une limite de coûts avec l’opérateur téléphonique.
- Garder soi-même une vue d’ensemble des coûts et montrer à son enfant comment il peut garder le contrôle de ses coûts. Établissez par exemple une synthèse des dépenses sur papier ou sur ordinateur.
- Il ne suffit pas toujours d’utiliser des limitations techniques. À long terme, discuter avec son enfant et l’aider dans son utilisation des médias numériques donneront de bien meilleurs résultats, y compris avec les coûts de téléphonie mobile.