Médias et Internet

Que faire en cas de cybergrooming?

Internet est idéal pour les personnes mal intentionnées. Sous de fausses identités, des adultes essaient d’entrer en contact avec des enfants et des jeunes pour satisfaire leurs penchants sexuels. C’est ce qu’on appelle le cybergrooming. Les parents doivent être vigilants et attirer l’attention des enfants sur ce danger.
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Il y a cybergrooming lorsque des adultes contactent des enfants ou des jeunes dans une perspective d’abus sexuel.

On parle de cybergrooming lorsque des adultes entrent en contact avec des enfants en ligne dans une perspective d’abus sexuel. Les auteures et les auteurs de cybergrooming utilisent les réseaux sociaux comme TikTok, Instagram, Facebook ou des jeux vidéo populaires comme Fortnite pour connaître les préférences de leurs victimes potentielles, la musique qu’elles écoutent, leurs goûts vestimentaires et leurs loisirs.

Ces connaissances leur permettent de prétendre avoir des points communs avec leur victime afin de la mettre en confiance. Ces gens se montrent attentifs, compréhensifs et serviables, font des compliments aux enfants et se font passer pour des interlocuteurs idéaux.

L’études JAMES 2022 de l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) révèle que près de la moitié des jeunes (47%) a déjà été abordée en ligne par une personne étrangère ayant des intentions sexuelles indésirables. Le harcèlement sexuel est donc très répandu. Les filles sont deux fois plus touchées que les garçons. Chez les jeunes de 14 à 15 ans en Suisse, 41% sont concernés. Ce chiffre grimpe même à 56% chez les jeunes de 16 à 17 ans.

Bases juridiques en cas de cybergrooming

À la différence du sexting, qui se passe entre personnes consentantes du même âge, le cybergrooming présuppose une préparation à des abus sexuels par un·e adulte. Mais comme pour le cyberharcèlement, il n’existe pas encore de bases légales. Cependant, certains actes ponctuels relevant du cybergrooming sont clairement illégaux.

Ainsi, la contrainte ou le chantage sont punissables, et une infraction peut également être signalée en cas de harcèlement sexuel ou de violences sexuelles. Lorsque la victime éprouve un sentiment de honte et ne se confie pas tout de suite, elle prend le risque que le délai légal pour signaler une infraction soit échu. Afin d’éviter cette situation, la plainte doit être déposée au plus tard trois mois après l’acte (ou la tentative d’acte).

Cybergrooming : Ce que dit la loi en Suisse

  • Art. 22 CP: La tentative d’acte est punissable dans la mesure où elle peut être clairement démontrée.
  • Art. 187 CP: L’article «Actes d’ordre sexuel avec des enfants» s’applique si la victime a moins de 16 ans. À cet égard, il est indifférent que des actes sexuels aient eu lieu ou que la victime ait été forcée à regarder. Avec ou sans contact corporel, si la victime a moins de 16 ans, un acte sexuel est punissable.
  • Art. 197 CP: Il est illégal d’autoriser l’accès à la pornographie aux moins de 16 ans.
  • Art. 198 CP: La transgression de l’intégrité sexuelle et le harcèlement sexuel sont punissables.

Derrière le cybergrooming se cachent des intentions sexuelles

Contrairement à la sextortion, où des auteures et auteurs professionnel·le·s obtiennent des photos et des vidéos érotiques pour faire chanter leurs victimes, les motivations du cybergrooming sont d’ordre sexuel. La plupart du temps, les auteures et auteurs ont des inclinaisons pédosexuelles ou hébéphiles.

Il existe également de grandes différences en matière d’objectifs: certaines personnes se contentent de discussions sexuelles avec des jeunes en ligne, tandis que d’autres veulent une rencontre réelle. Les auteures et les auteurs connaissent parfaitement les besoins et les souhaits des jeunes et abusent de leur confiance sans scrupule.

Mieux les enfants et les jeunes sont informés des dangers et des risques sur Internet, mieux ils peuvent se protéger du cybergrooming.

Les auteures et auteurs obtiennent la confiance

Dans le cas du cybergrooming, les auteures et auteurs se font passer pour des amies et des amis débordant de bienveillance dans des chats ou sur des réseaux sociaux comme TikTok, Instagram ou Facebook. C’est ainsi qu’ils gagnent la confiance de leur victime. Certains promettent aussi des cadeaux. Une fois la confiance établie, suivent des questions comme: Es-tu seul∙e chez toi? As-tu une webcam? As-tu déjà eu des relations sexuelles? Peux-tu m’envoyer des photos ou des vidéos de toi? Et si on se rencontrait?

Si la victime transmet une photo ou une vidéo, les cybergroomers disposent d’un moyen de pression idéal. Ils exigent alors des jeunes une rencontre réelle ou l’envoi d’autres photos ou vidéos. À ce stade, les jeunes comprennent que la situation menace de leur échapper. Alors, la honte peut les empêcher de se confier et les pousser à se faire exploiter davantage encore, en ligne ou hors ligne.

Soutenir les personnes concernées

Mieux les enfants et les jeunes sont informés des dangers et des risques sur Internet, mieux ils peuvent se protéger du cybergrooming. Les parents ont intérêt à tout mettre en œuvre pour que leur fille ou leur fils ne soit pas entraîné∙e dans cette spirale perverse.

Si l’enfant est malgré tout victime de cybergrooming, les parents devraient le soutenir sans réserve. Il faut condamner sévèrement l’auteur∙e du cybergrooming, pas le comportement de l’enfant. Il serait faux de menacer l’enfant de le priver des appareils utilisés. De telles mesures risquent de l’inciter à ne plus rien dire sur sa situation désagréable.

Signaler le cybergrooming

L’idéal est d’essayer de comprendre, sans juger, comment le cybergrooming a pu se produire. Il est également important de conserver les moyens de preuve disponibles, par exemple via capture d’écran, et de signaler l’incident à la société d’exploitation de la plate-forme en question. Pour prévenir d’autres incidents, il convient de signaler le cybergrooming à la police et d’envisager de porter plainte contre inconnu·e.

Si les parents sont perplexes, ils ne devraient pas hésiter trop longtemps et faire appel à une aide professionnelle. Ils peuvent demander conseil de manière confidentielle auprès du service Conseils aux parents de Pro Juventute. Les enfants et les jeunes peuvent s’adresser à tout moment au service «147.ch – Conseils + aide». Les personnes concernées peuvent obtenir une aide directe auprès du service de signalement contre la pédocriminalité sur Internet ainsi qu’auprès des services cantonaux d’aide aux victimes. Il est important de réagir et de ne pas ignorer les événements.

Conseils pour les parents

  • Faire prendre conscience à l’enfant qu’il doit être prudent lorsque des inconnu·e·s prennent contact avec lui sur Internet.
  • Conseiller aux enfants de ne rien révéler de privé en ligne et insister sur l’importance d’être aussi restrictif que possible en ce qui concerne les paramètres de confidentialité.
  • Expliquer à l’enfant que chaque photo ou vidéo partagée sur Internet peut aussi être utilisée à des fins abusives.
  • Si l’enfant veut absolument rencontrer une personne qu’il a connue sur Internet, la rencontre doit avoir lieu dans un lieu public, de jour et jamais seul. Demander où et quand a lieu la rencontre. Les enfants et jeunes de moins de 16 ans devraient se faire accompagner par une personne adulte.
  • Parler avec l’enfant de ce qu’il vit sur Internet. Lui proposer aussi d’en parler avec une autre personne de confiance.
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