147 de Pro Juventute: la multicrise entraîne un nouveau record des demandes de consultations

La santé mentale des enfants et des jeunes en Suisse n’est pas au beau fixe. De nombreuses crises successives s’accumulent et deviennent multiples. Il s’agit d’une situation « multicrise », elle représente un défi pour la jeune génération en plein cheminement vers l’âge adulte. L’enfance et la jeunesse sont des périodes déjà riches en défis, avec de nombreux changements et choix à faire. Les enfants et les jeunes disposent de moins de stratégies d’adaptation que les adultes. De plus, les images, les informations et les situations de crise mondiale sont directement présentes dans le vie des jeunes au travers des réseaux sociaux et sans aucun appareil critique ou distance. Depuis des mois et dernièrement lors d’un congrès commun à Berne, des organisations spécialisées et des centres de consultation tirent la sonnette d’alarme face à la charge psychologique qui s’est accrue chez les jeunes. 

Les derniers chiffres du 147, l’offre de conseil de Pro Juventute pour les enfants et les jeunes, confirment cette tendance et interpellent. Depuis 2019, le nombre de consultations auprès du 147 de Pro Juventute a augmenté de 40%. Au premier semestre 2023, il a encore augmenté de 7,5% par rapport à la même période de l’année précédente. 

Les problèmes personnels préoccupent les jeunes, le harcèlement les parents  

Sur le plan thématique, la plupart des consultations auprès du 147, soit 45%, concernent des problèmes personnels tels que les pensées suicidaires, la dépression et les angoisses. Chaque jour, 7 à 8 jeunes gens nous contactent en raison de pensées suicidaires, et 4 enfants et jeunes nous contactent sur le thème de la dépression. Avec une augmentation de 39%, les consultations sur le thème des comportements d’automutilation ont connu une hausse particulièrement importante par rapport à la même période de l’année précédente.  

Autre triste record à signaler, il concerne les interventions de crise. Au cours du premier semestre 2023, les conseillères et conseillers ont fait appel à un service d’urgence pas moins de 74 fois au total, parce qu’un jeune voulait se faire du mal. Cela correspond à une augmentation de 14% par rapport à la même période de l’année précédente – et à une intervention de crise toutes les 60 heures. Au 1er semestre 2022, il y avait eu 65 interventions de crise.   

Le service Conseils aux parents de Pro Juventute a enregistré une hausse des consultations de 12% au premier semestre 2023, l’augmentation étant même de 74% par rapport à avant la pandémie de Covid-19. Par rapport à la même période de l’année précédente, les consultations avec des adultes ont particulièrement augmenté sur le thème du harcèlement et du cyberharcèlement (hausse de 70%) ainsi que sur les problèmes personnels (hausse de 30%). Le conseil par les pair·e·s de Pro Juventute présente un tableau similaire, avec une augmentation de 9% du nombre de contacts au premier semestre par rapport à la même période de l’année 2022.  

La durée de la consultation au 147 continue d’augmenter en raison de la détresse psychologique accrue et des thèmes de plus en plus complexes. Alors qu’une consultation téléphonique durait en moyenne 5 minutes et 52 secondes avant la pandémie de Covid-19, elle durait 9 minutes et 34 secondes au premier semestre 2023. Cela correspond à une augmentation de 63%. 

La politique est appelée à agir  

Afin de répondre à cette situation et une sollicitation accrue de ses services de conseils, Pro Juventute a étendu les heures d’ouverture pour les conseils par écrit et a augmenté ses capacités. Afin de tenir compte de l’évolution du comportement de communication des groupes cibles, le 147 ainsi que le service Conseils aux parents seront désormais disponibles sur WhatsApp à partir du 18 septembre en Suisse alémanique. Ce service existe déjà en Suisse romande depuis 2022 pour le Conseils aux Parents et janvier 2023 pour le 147. Pro Juventute veut ainsi offrir aux enfants, aux jeunes et aux adultes des conseils adaptés à leur vie et à leurs besoins, et apporter une contribution importante au développement psychique sain de la jeune génération.  

Pour Pro Juventute, il est clair que la multicrise doit être prise en compte. La fondation appelle les responsables politiques à renforcer les lignes de première urgence facile d’accès comme le 147 et leur notoriété auprès des groupes cibles.  accessibles comme le 147 ainsi que leur notoriété auprès du groupe cible. Il faut également améliorer l’ensemble de la chaîne de soins psychothérapeutiques et psychiatriques pour les enfants et les jeunes et investir dans la prévention.  

Informations complémentaires   

Multicrise: les enfants et les jeunes ont besoin d’une aide immédiate (projuventute.ch)