Actualisé le: 04.05.2023

Droit de vote à 16 ans : la commission veut priver la jeunesse de participation politique

Le 20 avril 2023, la Commission des institutions politiques (CIP) du Conseil national a recommandé de classer l'initiative parlementaire (19.415) de Sibel Arslan sur le droit de vote à 16 ans - et ce, bien que le Conseil national y ait donné suite à deux reprises. Avec cette décision décevante, la commission s'oppose aux droits de codécision des jeunes. Pro Juventute, le CSAJ et de nombreuses autres organisations demandent que le Conseil national reconnaisse néanmoins l'importance de cette demande et la soutienne lors de sa session d’été.

L'initiative parlementaire intitulée « Donner la parole aux jeunes. Le droit de vote dès 16 ans est un premier pas dans la vie politique active » avait été déposée en 2019 par la Conseillère nationale Sibel Arslan et a d'abord été approuvée par le Conseil national et la CIP du Conseil des Etats. Un premier avant-projet a été mis en consultation l'automne dernier, sur lequel la CIP-N s'est penchée lors de sa séance du 20 et 21 avril. Bien que la majorité des réponses à la consultation aient été favorables à l'abaissement de l'âge du droit de vote, lors de sa séance la CIP-N s'est prononcée pour le classement par 14 voix contre 11 de l’initiative. Cette décision est une grande déception pour les nombreux*ses jeunes qui se battent pour leurs droits de participation politique. En refusant de suivre la volonté du Conseil national et de la CIP-E, la CIP-N rate l'occasion d'accorder aux jeunes leur droit de participation et de lutter contre le vieillissement de l'électorat suisse. 

Le droit de vote à 16 ans est largement soutenu au sein des partis. Ainsi, l'initiative parlementaire a été signée par des parlementaires du centre, du PEV, des PVL, du PS et des Vert-e-s. Une large alliance d’ONG – dont Pro Juventute, le CSAJ, le Mouvement Scout de Suisse ainsi que le Réseau Suisse des droits de l’enfant – est convaincue que le droit de vote à 16 ans est une étape importante et nécessaire pour le développement de la démocratie suisse et demandent au le Conseil national soutenir à nouveau cet objet lors de la session d'été. 

Reconnaître les jeunes comme des membres à part entière de la société  

Pro Juventute et le CSAJ considèrent qu'il est extrêmement important d'impliquer les jeunes très tôt dans le processus politique. Les organisations s'engagent pour que les jeunes se familiarisent avec les règles de la politique institutionnelle. Il est essentiel d'offrir aux jeunes la possibilité de devenir des citoyen*nes responsables et de participer à la construction de leur avenir. Après tout, c'est la jeunesse qui devra vivre demain avec les décisions prises aujourd’hui. Il est temps que les jeunes soient pris*es au sérieux et accepté*es comme des membres actif*ves de notre société. 

Un succès dans d'autres pays  

Le refus de la CIP-N est également une déception pour la Session fédérale des jeunes. En 2007 déjà, elle avait déposé une pétition pour introduire le droit de vote à 16 ans. Durant la même année, ce droit a été mis en œuvre dans le canton de Glaris. D'autres pays européens et latino-américains ont également introduit, avec succès, depuis longtemps différentes formes du droit de vote à 16 ans : une analyse comparative de cinq pays montre que la participation électorale a globalement augmenté dans les pays qui ont abaissé l'âge du droit de vote à 16 ans (Franklin, 2020). De plus, selon Vehrkamp et al. (2015), avoir son propre droit de vote renforce l'intérêt politique. Les jeunes sont ainsi renforcé*es dans leur capacité de décision et peuvent devenir des citoyen*nes responsables. 

Plus de renseignements :  

  • Anne-Florence Débois, responsable politique et médias, anne-florence.debois@projuventute.ch, +41 21 622 08 17
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